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Nous marchons par la foi non pas par la vue

« Nous marchons par la foi et non pas par la vue » (2Co.5.7)

Durant ces derniers mois je me suis trouvé en conversation avec des croyants autour des questions de foi, surtout lorsque l’on regarde vers l’avant ou se projette à l’avenir ; ces paroles de Paul résonnent souvent… La réalité de ce verset et de son contexte sont faciles à formuler mais difficile à mettre en pratique comme il nous défie, non pas à la lumière de ce que nous voyons, nous comprenons, nous contrôlons ou nous planifions, mais plutôt de ce que nous ne saisissons pas. Il est facile de citer ce verset pourtant, nous manifestons souvent ces mêmes attitudes. Nous éludons la question, est-ce vraiment la marche par la foi et non pas par la vue ? 

La foi, par nature, nécessite un objet. Cet objet se trouve dans la personne de Jésus-Christ. Pour que la foi ne soit pas menée par la vue, elle nécessite la confiance ; c’est-à-dire : croyance, confiance, et dépendance, placées en quelqu’un en dehors de nous-mêmes, de nos perceptions, nos compréhensions, nos manières habituelles de vivre, de décider, etc. Que le Christ soit digne de confiance et fiable, n’est pas en question cependant, est-il tangiblement démontré dans notre marche ? 

La foi exige l’inconnu, ce qui est hors de portée, les espaces et les trous dans notre chemin de vie, et avec des personnes et dans les circonstances, et comment cela s’entrelace ensemble dans une cohérence ; plus souvent nous nous disons si la situation a du sens pour nous alors c’est la volonté de Dieu. S’il n’y a pas de sens, si je ne comprends pas, si j’ai plus de questions que de réponses, dès alors, je suggère que c’est le reflet d’un espace dans lequel la foi et non pas la peur peut prospérer. Notre besoin de tout prévoir, de tout anticiper de la vie déguise subtilement un front qui contrôle en jouant le rôle de dieu pour soi-même en quête de l'inaccessible omniscience (tout-savoir) ; il pourrait soulager le stress et la tension de la vie, mais il suffoque l’opportunité pour la marche par la foi de prospérer. 

En réfléchissant sur un critère important parmi d'autres, celui-ci s'appelle le "cadre de référence." Pour l'illustrer, je me sers de deux exemples d'expérience avec Jésus : Pierre marchant sur l'eau (Mt.14.24-33) et Bartimée, l'aveugle guéri (Mc.10.46-52). En ce qui concerne Pierre son cadre de référence sensoriel est : un petit bateau ballotté par le vent et les vagues, l'obscurité de l'heure, 3 heures du matin (la 4ème veille). C'est à noter que la peur s'anime non pas à cause de la tempête mais à cause de Jésus marchant sur l'eau ; oui, le surnaturel peut faire peur ! L'important pour Jésus ce n'est pas la tempête au dehors mais celle au dedans, du cœur des disciples, celle de la peur. Pourtant, Pierre change de cadre de référence en voyant Jésus, il demande littéralement à Jésus de l'inciter par sa parole à venir à lui en marchant sur l'eau comme Jésus. Désormais son cadre de référence est la personne de Jésus, la parole d'incitation de Jésus, sur quoi il marche sur l'eau.

Le récit nous démontre la difficulté humaine de demeurer dans le nouveau cadre de référence - Christocentrique, son regard, sa perception, sa foi sont envahis dans l'instant même de peur. Son cri au secours est la seule solution dans cette crise de confiance en Jésus. Humaniser et rendre acceptable le cri de Pierre, c'est manquer la leçon qui n'est pas forcément la mesure de foi, puisque Jésus le sauve quand il en a peu ou plus, en vue est la personne ou l'identité de Jésus pour Pierre dans cet instant. La tempête accalmie, Pierre qui marche, qui plonge, qui est sauvé ne sont que des attestations de l'identité de Jésus, "Certainement tu es le Fils de Dieu." Combien il est important d'identifier et de demeurer dans ce cadre de référence de la foi en dépit du contexte et des circonstances "de vue" pour qu'en plus  elles soient mêmes soumises "à la foi". 

En conséquence, perdre nos points d'ancrage sensoriels naturels ou spirituels, nos circonstances humaines rassurantes et protectrices ou l'assurance de nos capacités, sont complétement inopérants et impotents. Ils ne sont pas en corrélation avec le cadre de référence qui est la marche par la foi et non pas la vue.  (De même, Jésus dit que la vie en chair ne peut que produire plus de la vie en chair, tandis que la vie d'Esprit produit plus du même et il n'y a pas de convergence en termes de source et fruit, Jn.3.6, 34 ; 6.63). De même la peur qui se manifeste lorsque quelqu'un quitte le premier cadre de référence "par la vue" pour entrer dans le second "par la foi" devrait affronter les peurs ; la peur porte quatre traits majeurs :  l'incrédulité, le mensonge, le contrôle, et le réductionnisme. La seule réponse de Jésus est de nous ramener, comme les disciples, vers l'unique solution la foi-confiance-dépendance du "cadre de référence" de la foi non pas la vue. 

Bartimée, l'aveugle têtu parmi tous les malades devant la porte de la ville de Jéricho, identifie avec beaucoup d'insistance Jésus comme "fils de David." Son cadre de référence est son handicap, le mépris et l'exclusion socio-religieux de "pécheur maudit par Dieu," et sa pauvreté constatée par sa mendicité. Pourtant, l'aveugle voit avec perspicacité, plus que les voyants, qui est ce Jésus. Cela devient instantanément son cadre de référence. "Fils de David" est sa confession de foi : Jésus le Roi d'un royaume présent et agissant, Jésus-Messie, donc Jésus faiseur de miracles et de signes en preuve de son identité de Christ-Sauveur attendu. Son cadre de référence et sa foi s'exercent en la personne de Jésus-Christ et sa légitimité, aux yeux d'un aveugle. De même, la guérison n'est qu'une preuve identitaire pour les voyants puisque Bartimée en est déjà convaincue !

Ce principe de cadre de référence n'est nullement fondé sur la mesure, la force ou encore la puissance de la foi. Sa définition se trouve dans la conviction de qui est ce Jésus et quelle est sa parole d'incitation. C'est la clarté quant à notre cadre de référence qui détermine notre manière de marcher, par la vue ou par la foi. Dans les deux cas, la question de Jésus se pose, "que veux-tu que je fasse pour toi ?" (Mt.14.28-29a ; Mc.10.51 ; 10.35-38 - exemple négatif) La réponse se trouve naturellement et réellement dans notre cadre de référence où nous répondons à la question de foi, "qui es-tu pour moi ?" Une marche par un regard fixe et résolu sans distraction dans la sécurité et l'assurance de la suffisance de Jésus-Christ, Fils de David, Fils de Dieu, est à l'ordre du jour.         

Ma définition d’un disciple de Jésus est quelqu’un qui a plus de questions que de réponses, plus de questions sans réponses mais qui suit assurément Jésus, marchant par la foi, Lui faisant plus confiance qu’à soi-même. C’est-à-dire la confiance en Sa capacité de faire émerger un sens de ce que semble être non-sens ou chaotique, faisant confiance voudrait dire qu'il n'est pas forcément nécessaire de comprendre et de maitriser les inconnus de ma vie, pour marcher dans la foi au moment présent ; pour ces amis Jésus révèle les plans du Père au moment propice (Jn.15.14-15 ; Gal.4.4). La foi se définit donc par notre attitude face à l’incertitude et l’inconnu plutôt que face à la certitude et au connu. Ce sera une démonstration surprenante et nécessaire de la foi en Christ au monde.    

Erwin Samuel Henderson

07/12/2022

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